À Saint-Aignan après la bataille

VIOLENCES. (Article paru dans le quotidien Libération du 20 juillet 2010) À Saint-Aignan, village du Loir-et-Cher de 3.400 habitants, Luigi Duquenet était connu. Des forces de l’ordre, certes, mais aussi du maire et des habitants. «Pas le pire de la famille», résume un commerçant. En forçant un barrage de gendarmerie vendredi soir, le jeune homme a perdu la vie, victime de deux tirs. S’en sont suivies deux nuits de heurts, la communauté gitane accusant les forces de l’ordre d’avoir exécuté Luigi par «racisme antigitans». (Lire la suite...)

Incendie. Samedi soir, la gendarmerie a été attaquée par une cinquantaine d’individus encagoulés. Des arbres ont été sciés, des voitures incendiées, des devantures de magasins criblées de roulements à billes et une boulangerie pillée. Dimanche soir, alors que d’importants moyens policiers avaient été déployés à Saint-Aignan, ce sont les communes alentour qui ont subi un nouvel assaut. Bilan: trois véhicules en feu, une voiture bélier et l’incendie de la salle des mariages du village voisin de Couddes.

«Il avait 22 ans, il aimait faire la fête comme tous les gens de son âge», pleure Alison, sa compagne. Elle reçoit les journalistes sur le terrain provisoire des gens du voyage de Blois. Ici, point d’eau, ni d’électricité. Pas même un coin d’ombre. Mais l’essentiel des revendications n’est pas là. «Les gendarmes, ils nous aiment pas, explique un cousin germain de la victime. Celui qui l’a tué le connaissait. Pourquoi il ne l’a pas laissé partir pour le cueillir le lendemain dans sa caravane?» Ce que les proches de Luigi attendent, pour calmer le jeu, c’est «la vérité sur les circonstances de sa mort».

Ce drame fait ressortir de vieux dossiers. Sur l’aire d’accueil, on parle facilement d’un autre mort par balles. C'était en 1985 et causé, selon eux, par les gendarmes. «Ils attendent que la presse s’en aille pour classer l’affaire. Mais nous, nous avons un témoin qui a tout vu et qui pourrait tout raconter.» Dans le village, les esprits sont frappés. Frappés, mais pas surpris. «Ça devait arriver», rapporte une habitante sous couvert d’anonymat. «Certains sont agressifs et violents et, lorsque l’on en parle à la police, elle nous conseille de rentrer chez nous ou explique que les moyens ne sont pas suffisants.» Une autre habitante ne comprend pas les scènes de violence : «Mon fils a été tué par un chauffard, ce n’est pas pour cela que je suis allée brûler des voitures!»

Lavomatic. Près de la gendarmerie, en attendant la venue de Brice Hortefeux, le ministre de l’Intérieur, un habitant peste contre Jean-Michel Billon, le maire sans étiquette de la commune: «Pourquoi vous n’avez rien fait contre cette famille ? Ça fait un an qu’on vous prévient !» L’élu rétorque: «J’ai eu à faire face à une situation extraordinaire et subite qui a découlé de ce contrôle routier et de sa fin tragique. Cela n’a rien à voir avec des histoires passées. Ce qui s’est passé ce week-end aurait pu se passer dans n’importe quelle banlieue.» Quand le ministre arrive enfin, les esprits s’échauffent. Certains, comme ce commerçant, propriétaire d’un magasin caillassé, l’interpellent: «Qu’est-ce qui peut être fait pour les gens du voyage? Ça devient infernal !» Après avoir rassuré la boulangère pillée - «On sera là pour vous protéger» - et visité le salon de coiffure, puis le lavomatic caillassé, le ministre a reçu les maires du district.

Hier soir, 300 gendarmes, ainsi que des renforts militaires et deux hélicoptères dotés de caméras géothermiques, devaient assurer la sécurité du village. Le maire, lui, affichait son espoir d’un retour au calme : «J’ose espérer, que, d’un côté comme de l’autre, les gens ne soient pas décidés à ce que cette situation perdure et qu’à la suite des obsèques les esprits seront apaisés.» Pour lui, ce n’est pas de la haine qui anime le village. «De l’incompréhension plutôt.» Luigi doit être inhumé aujourd’hui, dans une relative intimité. «Les obsèques, chez nous, c’est un moment de recueillement qui ne peut pas rimer avec de la violence», insiste le cousin germain.

Mourad Guichard (photos: Olivier Coulange/VU)

Comments

[Rédigé par : Js]

Ah ça, les faits divers ça réveille toujours le populisme et l'électoralisme facile, surtout en temps troublés pour faire diversion...
C'est quand même un bel échec de la politique sécuritaire de l'UMP depuis un certain nombre d'années.
Euh Monsieur Sarkosy, on est arrivé au bout on cogne dans le mur... C'est pas grave, on continue.

[Rédigé par : Marcel Petibois]

réponse à pat45 point par point

1 = "On ne tue pas un homme parce-qu'il refuse un contrôle routier."
--> Bein en meme temps on est pas obligé de forcer DEUX barrages de suite, surtout après avoir trainé un képi qq dizaines de metres au précédent... UN barrage ca peut etre une erreur, deux y'a plus d'excuses qui tiennent.

2 = "il y a une plaque d'immatriculation et la le gars était connu, donc oui on pouvait aller le voir le lendemain matin pour le cueillir et le mettre en GAV."
--> voiture volée ? déjà entendu l'expression ? au fait quand vous dites que le mec etait connu vous insinuez qu'il a fait coucou en passant ou qu'il a laissé sa carte ?

3a = "On ne tue pas quelqu'un pour si peu, surtout que les gendarmes n'étaient pas en légitime défense..."
--> manifestement si : "tentative d'homicide sur agent de la force publique" au barrage précédent...et là le mec remet le couvert... s'il écrase ce flic vous allez faire quoi ? les trouver des excuses ?

3b = "...ou en traque d'un tueur."
--> bein ça on en sait rien mon bonhomme : c'est facile de la ramener bien planqué dans son fauteuil... mais faudrait p'tet prendre conscience qu'un gars assez barge pour manquer de buter un archer du roi et qui force DEUX barrages il a p'tet qq chose à se repprocher...

4 = "Le gendarme a dégainé, a visé et a tiré 2 balles."
--> voui et il a meme pas vidé son chargeur, il a donc appliqué la consigne d"usage necessaire et mesuré des moyens à se disposition"... on arrete pas des bagnoles lancé avec de la bonne volonté... sauf sur les forums bien sur.

5 = 22 ans, il avait peut-être un peu bu, il n'avait pas de permis, cela mérite-t'il la mort ?
--> pourquoi vous dites ca ? il a donné ses coordonnées avant de forcer le barrage ? oui ? non ? il en a forcé combien des barrages dejà ? sinon y'a une autorisation spéciales pour les jeunes crétins de forcer des barrages ?

6 = "En Sarkosie cela ne pose aucun problème..."
--> qu'est-ce qu'il vient faire là celui-là ? il etait là ? il a parlé aux condés avant de tirer ?

7 = "Votre vie vaut moins que les enquêtes d'opinion. Le gendarme continuera a porter une arme et pourra recommencer."
--> à tenir des barrages routiers, à aider des gens, à en sauver d'autres, à alerter les secours en cas de problèmes.. voui il pourra faire tout ça... vous trouvez ça injuste ?

8 = "Un homme qui représente la l'ordre doit être exemplaire."
--> de quel droit vous permettez vous d'insinuer que ce flic n'est PAS exemplaire ? vous jugez sur les faits ? une presence eventuelle sur les lieux ou juste par des préjugés stupides ("un flic c'est maaaaaal un jeune c sympaaaaa un voyou c'est une vcictiiiiime de la sociééétééééé" ?)

9 = "Quand on porte une arme à feu, on doit se soumettre à des expertises psychologiques pour vérifier l'état de l'agent, du militaire.
--> documentez vous prestement c'est déjà le cas... pour info un gars un peu nevrosé aurait vider le chargeur lui...

cordialement

[Rédigé par : Shroomguy]

Perso meme si je me mefie enormement des flics, mais si un collegue venait de faire 500m sur le capot de la voiture et que celle-ci ensuite leur foncait dessus je suis pret a parier que les bobos de tout bord aurait fait de meme (a moin qu'ils soient suicideres).
Certains pensent qu'il aurait fallu l'arreter plus tard, mais plus tard quand? Apres qu'il est tué combien de personne avec sa voiture et son taux d'alcoolemie?

[Rédigé par : dame Lepion]

Ah bien, Yves le troll n'aime pas la chatouille et crie à la polémique. Prenez donc une camomille, ça calme. Et plutôt que d'en faire des tonnes en interventions éructantes, visez plus juste. Si vous voulez dégommer Hortefeux ou Sarkozy à longueur de billets, avec des jeux de mots fleurant bon le beaujolpif et flirtant avec le principe de Godwin, c'est votre droit. Ca fait écran de fumée, car il est plus difficile et moins vendeur de s'attacher aux détails révélant les mécanismes de leur politique néfaste. De plus, ça défoule. Et chacun a le droit de s'exprimer avec ses moyens et c'est bien comme ça, camarade.
Cela dit, ne vous trompez ni d'adversaire, ni de méthode. L'humour fin est difficile à manier, et à l'encontre de l'artisane boulangère victime de pillage (pour laquelle vous n'avez aucun mot de compassion) cet humour-là est vraiment malvenu.
Mais bon, tout cela n'est pas bien grave et je n'en ferai pas un fromage. Plus inquiétante est votre allusion, je cite : "...comme si les instructions avaient été de laisser pourrir la situation pour qu'il y ait incident, au moins, afin de justifier un déploiement visible de forces armées, casquées, bottées, prêtes à casser du...". Si, à défaut de preuves, vous avez des éléments d'info ou des indices concordants, vous devez les dire. Faire planer un doute malsain au moyen d'insinuations mérite tout de même une explication de votre part, non ?

[Rédigé par : Bob le gadjé]

On ne tue pas un homme parce qu'il refuse un contrôle routier, écrivait un lecteur. Et il a tout à fait raison.

En revanche lorsque vous êtes flic et qu'une voiture vous fonce dessus, que quelques kilomètres plus tôt cette voiture à déjà percuté et trainé un de vos collègues sur 500 mètres, vous vous défendez. Les occupants de la voiture, des adultes responsable, avisés et dans le cas présent multi-récidivistes, assument les conséquences dramatiques de leurs actes. Au détriment de leurs familles.

Ce lecteur, qui est sûrement quelqu'un de très intelligent, aura bien entendu parfaitement compris ça. Suffit juste d'expliquer calmement.

[Rédigé par : pat45]

L'article est correct, le gars a fait son boulot, mais la question n'est pas la.

Vous ne voyez pas que la France n'est plus une démocratie ?

ON peux se faire tuer comme du gibier au moindre faux pas.

J'insiste, mais le gendarme a toujours son arme, et comme il a été soutenu par hortefeux le condamné, il peux recommencer...

Vraiment, ce gouvernement restera dans l'histoire.

[Rédigé par : à pat 45 et AD]

à pat 45 :
le type a forcé un barrage et roulé avec un schmitt sur 500 metres avant de l'ejecter dans un virage, mais tu vas me dire "qu'on arrete pas un homme qui roule avec un type sur son, pare brise", je souhaite qu'un de tes mouflets se trouve collé sur le pare brise d'un petit chauffard de merde bien défoncé un jour et on en reparle tous les deux mon coco, je pense que tu seras moins "cool", comme tous les bobos a priori qui gerbent sur les lardus toute la sainte journée mais exigent le GIGN quand il s'agit de retrouver leur vélo.

AD : t'es un naze, ton argot de dico et ton orthographe de premier de la classe pue le l'etudiant de base gaucho concon qui s'encanaille, va te pignoler sur ton dico de pierre perret.

[Rédigé par : Yves Pasco]

Foin de polémique, Dame Lepion ! Il existe des groupes d'opinion qui ont leur vision, interprétation des faits : c'est un fait, et ces groupes (souvent aussi groupes de pression) savent manipuler les mots pour manipuler ceux que leur sont favorables. Ce n'était qu'une petite démonstration gentille, mais lisez ce qu'ont pu écrire certains moyens d'information, selon leur orientation politique... Le site boulanger existe et a son public, la condamnation de Horte-croix-de-feux aussi !!!

[Rédigé par : dame Lepion]

Je suis de l'avis de Fansolo, l'article résulte d'un vrai travail de journaliste et ne donne pas dans le sensationnalisme ou dans l'outrance. L'impartialité y est patente. Et les infos ne sont pas pêchées sur un site boulanger à la mie de pain pour faire du remplissage et conclure sur un bon mot.

[Rédigé par : Xav]

Luigi : il a fui, il a pas tout compris...

[Rédigé par : AD]

Hé ! Duquenet c'est pas un nom gitan, les Gitans y sont d'Espagne, Duquenet c'est français, c'est un Manouche d'ici, pas un Tsigane ni un Gitan. Mais le pompon est décroché par le confrère de la Rep qui parle de "gens du voyage" et dit qu'ils sont "sédentarisés" : des gens du voyage qui ne voyagent pas...
Y z'y sont quand même allé fort ces gadgés de schmitts ! Il avait certainement pilave un peu trop, pis bédave (on a trouvé de la marie-jeanne dans la vardine), qu'ils le mettent au chtar, bon ! mais de là à le marave à coups de pouchka, c'est pas michto du tout !
Goutt schnark les cousins

[Rédigé par : pat45]

On ne tue pas un homme parce-qu'il refuse un contrôle routier.

Il y a une plaque d'immatriculation et la le gars était connu, donc oui on pouvait aller le voir le lendemain matin pour le cueillir et le mettre en GAV.

On ne tue pas quelqu'un pour si peu, surtout que les gendarmes n'étaient pas en légitime défense ou en traque d'un tueur.

Le gendarme a dégainé, a visé et a tiré 2 balles.

22 ans, il avait peut-être un peu bu, il n'avait pas de permis, cela mérite-t'il la mort ?

En Sarkosie cela ne pose aucun problème...

Votre vie vaut moins que les enquêtes d'opinion. Le gendarme continuera a porter une arme et pourra recommencer.

Un homme qui représente la l'ordre doit être exemplaire. Quand on porte une arme à feu, on doit se soumettre à des expertises psychologiques pour vérifier l'état de l'agent, du militaire.

[Rédigé par : djea]

je ne vois qu'un délinquant sur la photo et c'est hortefeux!
Qu'est-ce que ce type qui a été condamné fait au gouvernement?
Il n'est en rien crédible face aux délinquants!

[Rédigé par : childeric]

Sinon, bel article il est vrai. En revanche on voit bien que la réponse des autorités (enfin, façon de parler) est à côté de la plaque. Les habitants disent clairement que des problemes existaient avant mais on en les écoute pas on se contente de vouloir "apaiser les esprits" ce qui revient à ne rien faire. Jusqu'aux prochains drames.

[Rédigé par : childeric]

"Les gendarmes ils ne nous aiment pas..."quelle bande pleurnicheurs, on croirait entendre un gamin dans les jupes de sa mere.
de qui se moque t on ?
Et le maire, franchement si j'étais habitant de cette commune je l'aurais giflé. hortefeux aussi.

[Rédigé par : enfant du pays]

Qui l'eut crû, entendre parler de la petite ville où j'ai passé mon enfance de cette manière...Loin d'être paisible si je me souviens bien mais à l'époque ce n'étaient pas les gens du voyage qui créaient des problèmes, plutôt les jeunes désoeuvrés. Les gitans ,eux, débarquaient deux fois par année dans la commune et nous vendaient leur paniers en osier. Que s'est-il passé entre-temps? C'est, plus de vingt se sont écoulés...

[Rédigé par : zérozaza]

Hortefeux devrait penser à enlever le gyrophare bleu qu'il s'est collé sur la tête;le temps des gitans est revenu!

[Rédigé par : XGerard]

Mazette!!!!Quelle brochette!!
Un général quatre étoiles!!!!
Il faudrait vraiment trouver du boulot pour ces gens qui n'ont manifestement pas grand chose à faire.
PS: Monsieur le préfet, quand on porte un uniforme, on se fait couper les cheveux..... Regardez les autres, vous conprendrez!!!!!!!

[Rédigé par : Fansolo]

Titre, photos, article : vraiment excellent.
Si je pouvais, Mourad, je vous décernerais le prix Albert Londres. Bravo pour la qualité de votre travail. Sincèrement.

Et puisse le message de paix qui transparaît dans cet article très digne passer et calmer les esprits.

Merci.

[Rédigé par : Yves Pasco]

"Après avoir rassuré la boulangère pillée - «On sera là pour vous protéger» -"
Je vous offre la version "boulangère" des faits, savoureuse :

19-07-2010 Attaqués à la hache pour quelques pâtisseries
"Une boulangerie-pâtisserie de campagne s’est fait dévalisée (et non s'est faite dévaliser !) en pleine émeute rurale à Saint-Aignan-sur-Cher (41).
Son seul tort : être à coté de la gendarmerie.

Une petite commune de 3.200 habitants dans le département du Loir-et-Cher est depuis hier sous la protection du GIGN. Suite au décès, dont les causes sont controversées par la famille, d’un membre de la communauté des gens du voyage, une cinquantaine de personnes ont semé la terreur dans les rues de Saint-Aignan-sur-Cher dimanche matin. Leur principale cible était la gendarmerie mais une boulangerie située à 50 mètres a fait les frais de la colère des manifestants.

Vers 12h10, une dizaine d’individus cagoulés sont entrés dans la boulangerie-pâtisserie de M. Philippe Aubert et ont dévalisé ses vitrines. Ils se sont emparés des pâtisseries restantes, des viennoiseries et des sachets de bonbons. “Ils ont attaqué la caisse à la hache mais ils ne sont pas arrivé à l’emporter” précise M. Aubert. Il a porté plainte mais il n'est pas sûr de vouloir faire jouer l’assurance, le préjudice étant estimé à moins d’une centaine d’euros. La caisse a été réparée à l’adhésif mais ce sont sans doute les blessures à l’âme qui seront les plus difficiles à panser après cette journée de folie destructrice."

Sur : http://www.boulangerie-patisserie.net/actualites.php?id=9487

Heureusement, le seul ministre de la Ve République condamné pour ses propos racistes est venu rassurer la boulangère dans le pétrin...